vendredi 2 avril 2010

Ivre de Tao (2)



Ignorez-vous, amis,
que le fleuve Jaune qui descend des hauteurs célestes
coule jusqu'à la mer sans jamais revenir?

Ignorez-vous amis,
que nos parents contemplent tristement leurs cheveux dans le miroir
Soie noire au matin, blancs comme neige au soir?

Ce que je désire ici-bas, c'est épuiser toutes les joies
Je ne m'attarde jamais au clair de lune, une coupe vide à la main…

(Li Po, VIIIe siècle)

Ivre de Tao



Pichet de vin au milieu des fleurs
Seul à boire, sans un compagnon
Levant ma coupe je salue la lune
Avec mon ombre, nous sommes trois
La lune pourtant ne sait point boire
C'est en vain que mon ombre me suit.

Honorons cependant ombre et lune
La joie ne dure qu'un printemps!
Je chante et la lune musarde
Je danse et mon ombre s'ébat

Eveillés nous jouissons l'un de l'autre
Ivres, chacun va son chemin…
Retrouvailles sur la voie lactée
A jamais, randonnée sans attaches!

Li Po (VIIIe siècle)