vendredi 27 avril 2012

Un monde toujours nouveau


Je voyage pour retrouver un monde intact sur lequel le temps n'aurait pas de prise. En effet, deux jours de voyage, la connaissance d'une ville nouvelle ralentissent la précipitation des événements. Deux jours dans un pays nouveau en valent trente de ceux que l'on vit dans l'endroit habituel, raccourcis par l'usure, détériorés par l'habitude. L'habitude polit le temps, on y glisse comme sur un parquet trop ciré. Un monde nouveau, un monde toujours nouveau, un monde de toujours, jeune pour toujours, c'est cela le paradis.

Eugène Ionesco, Journal en miettes